J’ai
découvert
l’encre de chine et la
calligraphie chinoise auprès de
Shanshan Sun à Montpellier en 2002. Jusqu’alors
j’aimais photographier, en noir
et blanc, développer les pellicules dans le noir, tirer les
photographies sur papier
baryté avec un agrandisseur Leitz Focomat à deux
objectifs dont j’étais très fier.
(La mise au point est réalisée par une came
actionnée par la rotation du bras qui
accompagne le changement de format).
J’avais été formé un tant
soit peu à la photographie par le photographe Bernard
Plossu avec qui j’ai longtemps entretenu une correspondance
photographique.
J’ai pu exposer quelques fois ces photographies. Dans ces
années-là les litiges
juridiques sur la propriété de l’image,
les procès qui les accompagnaient m’ont
poussé à aller voir ailleurs.
Avec mes tirages en
noir et blanc ou/et colorisées, je suis
rentré dans cette petite
boutique de matériel de calligraphie de la rue en Gondeau
à Montpellier.
Son propriétaire Shanshan Sun a accepté de
regarder mes photographies. Et il a
bien voulu pour moi ouvrir ses portes de l’encre de chine et
du pinceau chinois. Il
m’a ainsi initié à la calligraphie,
à la peinture traditionnelle et à la cuisine
chinoise.
Cependant je ne sais pas m’enclore dans une tradition,
d’autant plus qu’elle m’est
étrangère. J’ai eu la chance
d’avoir auprès de moi un pédagogue
poète qui
acceptait d’accompagner aussi ma propre démarche.
J’ai découvert ainsi les livres du sinologue
François Jullien, ceux de Jean François
Billeter, des textes anciens grâce à Yolaine
Escande.
Le pinceau, l’encre de chine, le papier de riz
m’ont peu à peu apprivoisé.
Mais la chine me paraissait trop grande, sa langue beaucoup trop
étrangère à ma
vocalise.
Je rêvais alors d’écrire des
poèmes en japonais. Le goût pour cette culture
n’était
pas nouveau (Ozu, Kawabata), mais l’encre de chine a
rajouté un pas sur cette
voie.
C’est dans le magasin de mangas que je fréquentais
alors que j’ai eu les
coordonnées de Nobuyo Kojima qui a accepté de
poursuivre ce rêve avec moi.
Elle m’a fait rencontrer depuis la poésie de Basho
: L’étroit Chemin du fond ; puis
L’anniversaire de la Salade de Tawara Machi.
J’ai eu la chance grâce à nos enfants de
partir à Kyoto avec Véronique en 2010.
Les attentes que j’avais ne furent pas
déçues, au contraire l’attrait
n’en a été que
plus grand. Aussi nous sommes retournés ensuite au Japon,
à Tokyo en 2012.
Ce fut un Japon tout à fait différent qui se
dévoila à nous : « une anarchie
apparente, terne.»
Il m’a fallu plusieurs jours pour me familiariser avec cet
autre dépaysement et en
découvrir le charme.
Avec Nobuyo, qui est devenue une amie, j’apprends la langue
écrite, en japonais
bungo, , c’est-à-dire la culture, la trace, le
trait, mais aussi ce qui est dit,
raconté, échangé...
J’apprends les couleurs, l’espace et le papier.
J’apprends aussi le goût du thé vert et
celui de la cuisine japonaise
traditionnelle...
C’est tout un monde que Nobuyo veut bien me faire partager
qui est aussi celui
de ses propres amis.
Jean Millon.
|
Sans
titre. Encre de chine sur papier de riz xuan. Teinture
végétale. 68x138
(2013).
|
Sans
titre. Teinture végétale et collage. Couleur
origine Chine. Sur papier de riz Iokta. 68x68.
(2011)
|