Sergio Birga

Sergio Birga est né à Florence en 1940. Il a gardé de ses origines le goût de l'art italien et la fréquentation passionnée des musées. Après des études à la "Scuola d'Arte" de Florence et aux Beaux Arts de Paris il fait un voyage d'initiation en Allemagne pour y rencontrer les maîtres qu'il admire : Otto Dix, Conrad Felixmüller, Heckel, Kokoschka, Meidner. Ses premières oeuvres, gravures et tableaux, se ressentent de l'influence de l'expressionisme. Dans les années 70 il expose au salon de la Jeune Peinture, réalisant des oeuvres figuratives et critiques. Ensuite, renouant avec son individualité, il pratique une peinture cultivée et symbolique. Puis il se tourne vers des formes plus objectives, portraits, autoportraits, paysages urbains, portraits de  . Il pratique toujours la xylographie et poursuit ses illustrations de Kafka. Il expose en France et en Italie surtout, et dans des collectives à l'étranger. En 2007 il présente à la Villa Tamaris une rétrospective couvrant près de cinquante années de création. Robert Bonaccorsi le présente comme un "post-moderne" atypique et un irréductible romantique. Il est chevalier des Arts et Lettres.


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Autoportrait à l'ascenseur  Huile sur toile 80X80   (2006)

 Deux mondes. Huile sur carton marouflé sur bois   80X120    (1975)
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Villa Schifanoia Florence  huilesur toile  100X80   (1990)     
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"Great Bear" Brooklyn. De la série "Portraits de Villes" (2013)
Métro de New York.Aquarelle  (2013)
Les trois disgrâces. Huile sur bois 20X15   (1959)
Le microcosme de Sergio Birga

Chaque fois que je me trouve dans l’atelier de Sergio Birga je me pose toujours la même question: pourquoi veut-on ranger cet artiste dans une quelconque catégorie ou, pire, dans une école déterminée? Pourquoi ne pas s’interroger sur le parcours unique, singulier, inclassable d’un peintre qui n’a eu d’autres règles que de suivre le chemin qu’il s’est tracé ?

Il a commencé son histoire d’artiste en se passionnant pour les Expressionnistes Allemands à une époque où ils n’intéressaient presque personne. Puis, les évènements aidant, il s’est orienté vers une peinture plus proche de la représentation de la réalité, plus critique aussi (ce qui le lie encore à Otto Dix et à Georg Gross, mais dans un langage plastique plus lointain). Comme le grand artiste italien d’entre les deux guerres, Mario Mafai, là encore, en faisant évoluer son écriture, il a concentré son intérêt sur la disparition du vieux Paris que symbolisait la démolition des Halles de Baltard avec son Triptyque des Halles (1977-2004) . Cette passion pour les métamorphoses de la Ville Lumière et de sa périphérie ne l’a plus quitté comme le prouvent les Anciennes Usines Renault ou Démolition rue Bouchardon (2009). Quoi qu’il en soit il n’a pas vu que le coté noir et nostalgique des cités dont l’aspect est irrémédiablement modelé par le cours du temps.

S’il a peint de nombreux paysages italiens comme le Nocturne romain au Forum (1994) ou la Piazza Forteguerri de Pistoia (2000), les uns authentiques, les autres plus ou moins réinventés ou rendus de manière onirique, il a aussi joué de contrastes saisissants entre le passé et le présent: c’est le cas d’ Orage à Beaubourg (1981) dont le titre peut avoir un double sens.

Les étapes successives de sa démarche esthétique ont fait surgir des thèmes nouveaux comme celui du cirque, par exemple le Cirque Phocéen au Rastel d’Agay ou le cirque dans lequel se produit l’artiste de la faim de Frantz Kafka.

Si l’on veut comprendre Sergio Birga il faut alors se tourner vers ses nombreux autoportraits (seul, en tenue de travail, ou en compagnie de sa femme Annie, qui apparait souvent sous les traits de sa muse): il immortalise chaque fois un être qui a été et qui ne sera plus lorsqu’il aura achevé la toile. Ce faisant, il nous fournit une représentation emblématique de l’idée qu’il se fait de la peinture par le biais de l’image du peintre, de ce soi à la fois en train de se peindre et d’inventer sa peinture, mettant ainsi l’accent sur la recherche formelle qu’il a adoptée à ce moment précis.

Que ce soit dans les cité de sa Toscane natale, à Venise ou en quelque point du monde où il a voyagé de Stockholm à Jérusalem, que ce soit en restituant la magie des toits du Marais ou celle des vieux bâtiments condamnés de la banlieue qui manifestent immanquablement une poésie qui n’appartient qu’à lui elle fait de l’art pictural, du dessin, de la xylographie les meilleurs instruments possibles pour aborder le monde et le voir non tel qu’il semble à première vue, mais tel qu’il est ressenti, éprouvé, vécu, rêvé, fantasmé, ne faisant jaillir de ses pinceaux, de ses crayons, de sa gouge que les pensées qui le font naître et qui le transforment en révélant sa vérité et, du même coup, en nous transformant et en nous révélant à nous-mêmes.

                                                                                                                                                                                                                          Gérard Georges Lemaire. Sète, Décembre 2009